Les murs suintaient d’une épaisse humidité. Du plafond se décrochaient périodiquement des lambeaux imbibés, comme une neige d’immondice. La puanteur qui émanait des lieux apportaient avec elle des images de putréfaction. La pièce avait sans doute été souillée à de nombreuses reprises, quelques tâches brunâtres trahissaient d’ailleurs les horreurs qui avaient dues s’y produire.
    Au centre, sur une chaise, un homme se balançait de gauche à droite, adroitement. La sueur perlait sur son front et quelques larmes commençaient à se former au coin de ses yeux. Son regard révoquait toute idée de vie. De vie humaine. Un vif flamboyant se dessinait au fond de son iris, ses paupières légèrement closes lui donnaient un air vicelard. Il semblait attendre quelque chose, un sourire malsain vissé aux lèvres.
    Deux hommes pénétrèrent le sanctuaire morbide à pas lent. Un petit teigneux et un colosse de chair. Pas un mot. Seuls leurs pas résonnèrent dans la pénombre éclairée par un simple réverbère perçant difficilement l’épaisse couche de poussière qui recouvrait le vitrage. Le plus petit des deux se dirigea vers une table en bois humectée et y déversa quelques instruments dans un fracas de métal assourdissant, brisant ainsi le silence que seul le détenu hachait d’une haletante respiration. Le colosse s’était dirigé de l’autre côté de la pièce. Il déposa sur le sol un lourd réservoir d’un épais liquide, du Napalm. Il installa contre le mur un fusil à pompe et quelques autres armes lourdes qui lui serviraient sans doute autant d’armes contondantes que de machine à exploser la cervelle. Une fois leur bric-à-brac, leur broc ric-rac installés, les tics et les tocs du riquiqui apaisés, les deux hommes firent face au ligoté.
    De nouveau, pas un mot. L’enchaîné ne se déchaîna pas de suite, il maintînt son sourire malsain vissé sur son affreuse frimousse perfide pendant que ses bourreaux, mains jointes, semblaient s’accorder un dernier recueillement. Le moment approchait.
    Le colosse fini en premier sa prière et récupéra le réservoir qu’il déversa à moitié sur sa proie obstruée. Ce dernier leva enfin la tête et plongea son regard au fond de celui des répurgateurs qui restèrent de marbre, l’air macabre.